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On dit couramment que la durée de vie d’une centrale est de 40 ans. Passé ce délai, des problèmes peuvent se poser et les centrales sont alors considérées comme vieilles. Ainsi, de nombreuses interrogations peuvent surgir, faut-il continuer à les exploiter, envisager une remise à neuf ou un remplacement, ou fermer drastiquement la centrale en question.
Le cas de la France qui dispose parc nucléaire vieillissant, qui devrait arriver à cette date butoir à l’horizon 2025, sans réellement avoir anticipé le problème qui se poserait. Les avis divergent sur ce sujet entre les différentes solutions qui ont leur lot d’avantages et d’inconvénients.
Si la question se pose c’est que tout d’abord, rien ne l’interdit
En effet, l’Autorité de Sureté Nucléaire (ANS) ne fixe pas de durée de vie maximale concernant l’exploitation d’une centrale, mais délivre simplement une autorisation d’exploitation, après une étude minutieuse des réacteurs, valable pour les 10 prochaines années avant de devoir en faire une. Prolonger la durée de vie d’une centrale au-delà des 40 ans préconisés est même possible, si l’on remplit un certain nombre de critères, notamment remplir les conditions de sureté fixées pour les nouveaux réacteurs, voire conseillé dans une certaine mesure.
En effet, rallonger leur durée de vie évite donc de nouveaux investissements lourds afin de les remplacer, tandis que les investissements de gestion sont bien moindres même avec les nouvelles normes de sureté et donc les aménagements liés. A titre indicatif, l’ensemble de ces aménagements est estimé à un coût de 400 millions d’€, soit 10 fois moins qu’un nouveau réacteur EPR par exemple, présenté comme une alternative potentielle. De plus, la rentabilité des centrales est complexe et s’amortit sur 25 ou 30 ans, ainsi, les prolonger au maximum est donc très intéressant financièrement.
Au-delà de ces avantages économiques indéniables, en termes de sécurité de l’approvisionnement énergétique, prolonger la durée de vie des centrales peut également s’avérer être un atout, surtout dans la transition énergétique, que les nouveaux moyens de produire de l’énergie soit nucléaires ou non. Donc, le schéma serait le suivant, étendre la durée des centrales existantes, avant de les remplacer doucement par les EPR puis potentiellement par des réacteurs de nouvelle génération comme les SMR par exemple.
L’aspect technique du prolongement des centrales.
Alors, selon les experts, bien qu’une centrale soit initialement conçue pour fonctionner 40 ans, elle peut aller jusqu’à 60 ans d’utilisation, mais les avis divergent encore une fois, comme avec l’Observatoire du nucléaire qui craint des accidents ou des dangers en cas d’utilisation trop longue de ces centrales vieillissantes. Le principal risque réside dans la fragilisation de la cuve du réacteur. Néanmoins certains composants ne sont pas remplaçables.
Les composants irremplaçables.
Les remplacer en cas d’obsolescence. Mais la particularité du parc nucléaire Français est qu’il a été construit par un seul constructeur et sur un temps court. Ainsi, cette généralisation pose un lourd problème : un problème sur l’un d’entre eux pourrait également se retrouver généralisé sur ceux d’un même palier malgré le fait que les conditions de la localisation de ces centrales jouent beaucoup sur l’évolution de ses composants, notamment à cause de la météo variable, de l’environnement ou encore des modalités d’exploitation.
Vieillesse rime avec dangerosité ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’au niveau des chiffres, les centrales nucléaires les plus anciennes n’enregistrent pas davantage de problèmes que les plus récentes. Néanmoins, les dysfonctionnements liés à la vieillesse sont parmi les plus nombreux de ceux déclarés. Les avis divergent également sur ce point entre les anti-nucléaires qui valident forcément cette hypothèse comme quoi un réacteur vieux serait plus dangereux tandis que les acteurs en faveur prônent la logique contraire qui est qu’un réacteur ancien a prouvé sa valeur et sa sureté par le passé, ayant notamment validé plusieurs visites décennales. Un moyen simple a été utilisé grâce à l’échelle Ines, permettant de comparer simplement l’importances des différentes anomalies expérimentées dans les centrales. Le constat est alors sans appel, il n’y aucune corrélation entre l’âge du réacteur et le nombre d’anomalies ni leur gravité. Le nombre d’anomalies stagne même pour les réacteurs qui atteignent bientôt la quarantaine, et la gravité des accidents diminue au fil du temps alors que les réacteurs vieillissent. Pour l’ONG Greenpeace, les centrales nucléaires ont été conçues pour une durée de 30 à 40 ans et ainsi, les acteurs se plongent vers une zone inconnue et pourrait bien le regretter.
Un prolongement temporaire.
En effet, entre les nouveaux réacteurs EPR ou les mini-réacteurs modulaires SMR, l’avenir de ce secteur est assuré, mais ces technologies prendront du temps à être mise en place. Les phases de tests et de certifications de ces dernières sont bien plus longues et leur mise en service efficiente ne devrait pas voir le jour avant l’horizon 2030. Entre-temps la France ne pourra pas se permettre d’abandonner le nucléaire si important pour sa production d’électricité (environ 70% de la production totale provient du nucléaire). La solution réside donc dans un prolongement temporaire, pour pallier ce manque d’anticipation et combler le décalage entre la fin des centrales arrivant à la quarantaine et l’arrivées des réacteurs nouvelle génération. Cela permettra effectivement de faciliter la transition et de la faire de manière progressive plutôt que de fermer les centrales de façon brusque et de les remplacer. De plus, même Greenpeace prône le développement des nouveaux ERP, qu’ils jugent davantage sûrs.
Les modalités de ce prolongement.
Pour prolonger ces centrales anciennes, des modifications vont devoir être apportées comme indiqué précédemment. En effet, l’ANS a autorisé le prolongement de certaines centrales pour 10 ans, tout en encourageant EDF a apporté des réglages pour les nouvelles normes. Les conditions fixées pour leur bon fonctionnement au-delà du quatrième examen décennal visent à assurer leur sureté et être sûr que la patine du temps ne se fait pas ressentir, notamment sur les accidents potentiels et la gravité de ces derniers. De plus, au niveau des agressions externes, les modifications devront assurer que ces centrales sont toujours capables de les supporter, notamment en cas de séisme par exemple, ou en interne avec des incendies. Ainsi, une remise à neuf n’est pas à l’ordre du jour car elle serait trop coûteuse et inutile face à la future arrivée des réacteurs de nouvelle génération, mais porter des améliorations sur les réacteurs déjà en place a été la solution choisie pour favoriser une transition efficace en réduisant les coûts.
Donc que faire ?
Donc bien que les avis divergent sur le futur du parc nucléaire français, la solution de le prolonger de quelques années a semblé être la solution propice à la situation actuelle pour pallier le manque d’anticipation mais aussi pour préparer l’arrivée future du nucléaire 2.0.
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