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Le nucléaire est une énergie bas carbone, ce qui en fait sa force. Néanmoins, sa dangerosité et le traitement de ses déchets en font une énergie qui divise fortement l’opinion. Les nouveaux investissements pour la filière nucléaire dans le monde veulent sécuriser son usage, révolutionner ce secteur et démocratiser son acceptation. Ainsi, de nouvelles avancées technologiques sont en cours et la nouvelle technologie SMR est l’une d’entre elles si ce n’est la principale.
En effet, la technologie des petits réacteurs modulaire, considérés comme des mini centrales nucléaires offrent de nombreux avantages par rapport aux centrales nucléaires traditionnelles ou encore aux ERP annoncés comme le futur du nucléaire il y’a quelques temps, qui semblent être passés au second plan désormais et être plutôt une solution à court terme avant le lancement des chantiers SMR. Cette technologie SMR se base sur ces réacteurs à eau pressurisée ERP pour répondre aux besoins croissants du marché de l’électricité décarbonée.
Ses avantages
Tout d’abord, elle est moins coûteuse à produire, moins dangereuse, et facilement ingérable au réseau. Ces nouveaux petits réacteurs modulaires disposent d’un nombre d’avantage assez conséquent pour en faire l’alternative tant attendue de la filière nucléaire. En effet, malgré ces avantages et sa taille réduite, ces SMRs disposent d’une puissance qui varie de 10 à 400 MWh selon leur taille et la technologie utilisée, quand une centrale dispose d’une puissance moyenne de 1000 MWh. Ainsi, sa puissance légèrement réduite est largement compensée par les avantages qu’elle propose, surtout que pour les centrales à charbon les plus anciennes et les plus polluantes, la puissance est de l’ordre de 300 à 400 MWh, soit l’équivalent de certains SMR. L’AIE estimé notamment que cette transition devrait permettre de réduire la production mondiale d’électricité issue du charbon de 80% d’ici 2040 par rapport à son niveau en 2017. Leur taille offre également la possibilité d’en construire en plusieurs exemplaires.
De plus, au-delà de ses avantages en matière d’énergie, les SMR permettraient de réchauffer les villes car ils produisent de la chaleur, et de l’hydrogène décarbonée, mais également de l’eau douce car elle permet de dessaler l’eau de mer.
La course aux SMR
C’est d’ailleurs pour cela que de nombreux pays dans le monde s’activent pour avancer sur leurs développements. En effet, que ce soit par des investissements privés comme aux Etats-Unis avec la start-up NuScale Power et des soutiens étatiques, au Canada également qui a prévu de remplacer pas moins de 30 centrales à charbon par des SMR à l’horizon 2030. La France a annoncé un plan d’investissement d’1 milliards d’€ dans la nouvelle technologie évoquée des petits réacteurs modulaires (SMR). L’objectif de la France est d’établir son propre projet baptisé Nuward. Le Royaume-Uni, par le biais de son premier ministre Boris Johnson a notamment débloqué une enveloppe de 525 millions de livres pour développer cette technologie notamment avec le projet Rolls-Royce. Les différents projets recensés varient de 100 millions d’€ à plus d’1,5 milliard d’€ selon les pays impliqués et les projets qu’ils veulent mettre en place. On assiste clairement à une course à l’innovation qui commence entre de grandes nations désireuses d’atteindre une indépendance énergétique à moindre coût tout en réduisant son empreinte carbone, les SMR ont tout du bon plan. Mais pour que ce prix soit compétitif, les SMR doivent répondre à des exigences notamment en matière d’assemblage, ils doivent être compactes, modulaires, sûrs grâce à un design simplifié, et fabriqués en usine pour réduire les risques de construction mais aussi les durées. Avec toutes ces conditions, des économies d’échelles pourront être réalisées car cela favorisera les effets de séries, et permettra donc d’en réduire les coûts unitaires tout en augmentant sa production.
Une nécessaire coopération
Néanmoins, une certaine harmonisation est attendue entre tous les différents projets de SMR, afin de favoriser d’éventuelles exportations sans modifier fondamentalement sa conception, toujours également dans une optique d’effets de séries. De plus, chaque SMR ne peut pas être destiné à respecter chaque organisme de règlementation spécifiquement dans chaque pays, mais l’introduction d’un organisme harmonisé qui délivrerait des normes de sécurité pour tous serait la bienvenue et a d’ailleurs déjà été proposé avec le centre de Vienne de l’AIEA. Au niveau coopération, un accès plus large aux marchés pourra alors en découler et surtout l’alignement stratégique des pays, mais aussi au sein même d’un pays, ne pourra qu’être bénéfique au développement des SMR.
Le mix énergétique
De plus, au-delà de tous les avantages cités plus haut, les SMR offre une possibilité de combiner les énergies avec un mix-électrique. En effet, les énergies renouvelables sont intermittentes, et par conséquent cette nouvelle technologie pourrait devenir le parfait complément grâce à leur flexibilité qui permettrait justement de laisser de la place à ces dernières. En effet, si leur puissance n’est pas négligeable, elle reste tout de même bien inférieure aux plus grandes centrales capables d’alimenter l’Europe qui tournent aux alentours de 1000 à 1700 MWh, donc sa complémentarité avec d’autres type d’énergies renouvelables et propres n’est pas à laisser au hasard.
Les SMR pour l’avenir
Cela traduit l’engouement autour de cette avancée technologique qui permet tout d’abord d’éviter des rejets radioactifs même en cas d’accident grave. Cela permettrait aux SMR de s’inscrire comme une alternative crédible aux centrales à charbon qui devaient fermer et un complément aux énergies renouvelables existantes. Le timing est parfait donc.
Néanmoins, ce nouveau type de réacteur ne devrait pas voir le jour avant 2030 selon les prévisions, après avoir passé une phase de tests et de certifications conséquente. En effet, la seule tâche que l’on pourrait dresser sur le tableau des SMR serait le temps nécessaire à leur développement et à leur construction mais aussi et surtout une phase de certification assez longue de l’ordre de 8 à 10 ans car de nombreux tests doivent être effectués afin de pouvoir mettre les en service quand bien même la technologie a déjà été validée. Cela peut donc considérablement ralentir l’arrivée de cette technologie dans le sillage du nucléaire mondial, surtout si des erreurs sont commises et à corriger ce qui retarderait davantage encore le processus. Ce processus sera en effet long, mais selon les estimations, les SMR devraient représenter d’ici 2030, environ 10% des projets nucléaires dans le monde, avec en attendant des projets d’ERP toujours en développement.
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